« Tout s’est joué sur quelques kilomètres carrés, la terre de mon enfance. À bien écouter les gens qui y vivaient, j’ai compris que la mémoire de cette contrée était celle du pays tout entier. Pendant plus d’un siècle, Paris la grande, la plus belle des villes, y avait rejeté, puis enfoui, tout ce qu’elle ne voulait pas accueillir entre ses murs. Nous sommes si fragiles, nous n’avons pas la carapace nécessaire pour nous protéger des mauvais coups. Les plus sensibles subissent les secousses et les pliures du temps, et, meurtris, ils deviennent les stigmates d’une époque dont leur peau, leurs os et leurs cordes vocales parlent mieux que les plus éminents historiens. »
Quand Franck est retrouvé inconscient au volant de sa voiture et sauvé in extremis d’une intoxication au monoxyde de carbone, tout le monde pense qu’il a tenté de se suicider. Incapable de se souvenir des moments ayant précédé le drame, et désormais mutique, Franck est persuadé qu’on a essayé de le tuer. D’autant que les pompiers ont découvert, enfoncé dans sa bouche, un vieux papier à en-tête d’une certaine « Brigade nord-africaine », située dans le 17e arrondissement de Paris.
Leur quête mutuelle de vérité va conduire Franck et Zakia, sa compagne, à remuer l’histoire trouble de la France et de la Seine-Saint-Denis, révélant un passé douloureux et violent qui, mêlé à leurs vies familiales et amicales, se joue toujours au présent. Alors que les tensions s’exacerbent à l’approche de prochaines élections, pourront-ils échapper à la corruption d’un pouvoir qui ne s’exerce plus que pour lui-même ?
Les Colonies intérieures prend rapidement l’épaisseur d’une véritable enquête sur la construction complexe de nos identités dans une société marquée par l’histoire des guerres, de la colonisation et des migrations.